Ma première réaction est que ce lecteur sait écrire. Son texte me rend jaloux. J’aimerais maîtriser notre langue comme lui.
Je partage son but : « voir clair ».
L’une des clartés est ce fait questionné : « Qui n’est jamais entré dans une cathédrale sans se sentir happé vers le haut ? » Ne pas vivre cette « respiration extra-humaine » est réservé aussi joliment que correctement aux « zombies ».
L’analyse se montre ici dépassée. Elle peut nous apprendre de fort belles et justes choses mais elle n’ira jamais au coeur de la question. Nous ne pouvons que la vivre.
Alors le temps capable de construire une cathédrale comme celle de Notre-Dame de Paris ne peut qu’être exceptionnel car il a exigé de ses habitants une élévation au-dessus de tout ce qui est humain.
Je prends conscience avec effarement et joie que je n’en suis que capable de ressentir l’écho de ce que ces gens ont vécu. Je découvre la pauvreté de mon élévation face à ces gens.
Et cela ne se fait qu’à l’occasion d’un événement exceptionnel qui est cet incendie. Je les salue respectueusement ici.
Ils se sont montrés capables de construire pour un temps très au-delà de leurs vies humaines et même au-delà de leurs moyens matériels. Ils se sont montrés capables de construire en comprenant de mieux en mieux comment le faire. Ils ont réussi à maîtriser leurs arts nécessaires pour cette entreprise à un niveau de perfection telle que nos savants, ingénieurs et techniciens sont souvent dépassés. Ils nous enseignent encore aujourd’hui une éthique de l’entreprise, de la connaissance, du travail et de la vie dont cet incendie me fait sentir le goût.
Je rejoins donc sans limites ni contraintes la conclusion du « lecteur assidu ». Ce temps des cathédrales est un signe.
Je l’avais ignoré. Cet incendie et ce lecteur me le rappellent. J’avais déjà vaguement noté quelques bizarreries dans cet incendie. Le feu a épargné Notre-Dame, la Sainte Croix et l’essentiel du bâtiment. Je salue ici le travail des pompiers mais je reste surpris par ce qui a été épargné.
La destruction complète de la Cathédrale était possible. Elle aurait été un symbole énorme de destruction du Christianisme en France. Quelques réjouissances provoquées par cet incendie m’indiquent que des gens la souhaitent sincèrement.
Ce qui a été détruit est le toit et une flèche. L’essentiel a été préservé. L’émotion associée à ce feu montre que d’autres que les pompiers souhaitent conserver cet édifice. Ils ont tous les défauts humains imaginables mais ils souhaitent cela. Je vois donc dans cet incendie la marque que les superstructures de l’Eglise sont détruites et le coeur est touché, noirci, détruit et brûlé mais l’essentiel a survécu. Avec ce qui a été préservé, la partie détruite peut être reconstruite.
Ce ne sera pas forcément aussi beau que ce que les gens du temps des cathédrales nous a donné mais cela sera à l’image de notre temps. Ce qui est nécessaire à la reconstruction est présent. Il dépend totalement de nous comment nous allons nous y prendre.
Si nous nous ratons sur cette opération, cela sera uniquement de notre fait.
Cet incendie est un signe. Il nous rappelle l’essentiel et sa présence. Il nous rappelle notre part du travail. Il est à mener à bien. Je redoute et j’espère que la façon dont cette construction sera menée se verra dans la cathédrale. Si elle nous unis, nous aurons rétabli cet essentiel en nous. Si elle nous sépare, nous aurons échoué dans cette opération essentielle.
Une compréhension alternative est que cette reconstruction va nous séparer. Ceux qui sont enthousiasmés seront ceux qui s’y reconnaîtrons. Ce ne seront pas forcément ceux qui considèrent le temps des cathédrales comme supérieur.
Nous sommes avertis. Au travail !
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